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Par Eric Albert et Noa Moussa
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ReportageLe nombre de restaurants routiers a été divisé par dix depuis les années 1960. En cause, l’arrivée sur les routes françaises de nombreux chauffeurs étrangers, moins bien payés, qui n’ont pas les moyens de s’y arrêter, et l’exclusion des camions des anciennes routes nationales et des villes.
A force d’arpenter la nationale 6, Pascal Lagaffe en connaît chaque rond-point par cœur. Voilà quatre décennies que le chauffeur de poids lourds parcourt les routes. De la fenêtre de sa cabine de camion, il a vu son parcours régulier entre Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) et Avallon (Yonne), en Bourgogne-Franche-Comté, se muer progressivement en cimetière de restaurants routiers. « La moitié d’entre eux ont fermé », constate-t-il.
Le Relais Bel-Air, peu après Chagny (Saône-et-Loire), fermé ; Chez Mamie, à Arnay-le-Duc (Côte-d’Or), disparu dans un incendie et jamais rouvert ; L’Oasis, tenu par « Mobylette », une ancienne prostituée ainsi surnommée pour avoir longtemps fait le trottoir en deux-roues avant de réussir à ouvrir un restaurant avec ses économies, fermé là encore… Sur les 132 kilomètres joignant les deux petites villes de cette artère du centre de la France, M. Lagaffe recense cinq fermetures, pour sept restaurants encore ouverts. Vendredi 13 juin, il a fallu ajouter une sixième fermeture, quand le Relais Saint-Christophe, près d’Avallon, a mis la clé sous la porte, faute de repreneur.
Sur la nationale, les dépouilles de cet ancien monde s’alignent le long du bitume. Un panneau « Les Routiers » rongé par la rouille apparaît sur le mur de l’Hôtel de la Cloche, à La-Roche-en Brenil (Côte-d’Or), transformé en logements. A La Barrière (Sauvigny-le-Bois, dans l’Yonne), un écriteau « à vendre » à moitié déchiré reste accroché sur la devanture, mince espoir d’une reprise qui n’a jamais eu lieu. A l’intérieur, un comptoir noir recouvert de poussière abrite une demi-douzaine de bouteilles d’alcool abandonnées. Du restaurant, il ne reste que le carrelage marron, les fausses briques rouges collées aux murs et la margelle du puits qui servait de table pour déguster sa purée saucisse.
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