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Tribune

Jérémie Bertrand

Professeur

Caroline Perrin

Chercheuse

Cette politique du développement innovante n’a pas rempli ses promesses. Il est nécessaire de garantir aux femmes, principales cibles du dispositif, un vrai pouvoir sur les fonds empruntés, estiment, dans une tribune au « Monde », le professeur Jérémie Bertrand et la chercheuse Caroline Perrin.

Publié aujourd’hui à 14h30 Temps de Lecture 2 min.

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Jobra, Bangladesh, 1976. Assises à même le sol, 42 femmes tressent des tabourets en bambou, revendus à vil prix à des intermédiaires. Touché par leur sort, un jeune économiste, Muhammad Yunus, leur prête 27 dollars de sa poche, sans intérêt ni garanties. Un geste en apparence modeste, mais finalement subversif. Grâce à ce prêt, les femmes contournent les revendeurs, vendent directement au marché et remboursent intégralement leur emprunt.

De cette expérience naît, en 1983, la Grameen Bank, première institution de microfinance, fondée sur une conviction forte : la confiance vaut mieux que les garanties. En petits groupes solidaires, les emprunteurs investissent, se soutiennent, remboursent ensemble. Le modèle s’étend rapidement : Inde, Afrique, Amérique latine, puis les pays développés.

Nombreux suicides

Très vite, les femmes deviennent la cible prioritaire parce qu’elles remboursent mieux, investissent dans l’éducation et la santé. En 2018, elles représentaient 80 % des bénéficiaires du microcrédit. Mais un demi-siècle après Jobra, les failles du modèle apparaissent. Sous l’idéal d’émancipation se cachent des réalités plus sombres : pressions sociales, spirale de l’endettement et perte de contrôle sur les fonds empruntés. Et si prêter aux femmes ne suffisait pas ?

En janvier 2011, dans le village de Palivelupa, au centre de l’Inde, Rama Peadda Boiana, mère de trois enfants de 29 ans, ingère un pesticide dans les champs et meurt quatre jours plus tard. Rongée par six microprêts, elle ne supportait plus les visites quotidiennes des agents de recouvrement, ni les reproches de ses voisines, membres de son groupe de crédit solidaire. En effet, dans le modèle de la microfinance, les prêts sont souvent accordés à un petit groupe d’individus qui se portent mutuellement garants : si l’un ne rembourse pas, les autres doivent payer à sa place.

Ce mécanisme, censé renforcer la discipline de remboursement, exerce en fait une pression sociale insupportable pour certains. Comme Rama, plus de 80 personnes se sont suicidées en quelques mois dans la région d’Andhra Pradesh, rattrapées par un système qui a fini par les dépasser.

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