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Par Cécile Boutelet , Benjamin Martinez et Floriane Picard
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EnquêteLe modèle social d’outre-Rhin, longtemps fondé sur des emplois de production très bien payés et protégés par des syndicats puissants, connaît des transformations majeures avec la fin du moteur thermique au profit de l’électrique et la concurrence de la Chine.
Nous l’appellerons Frank Müller. Ce technicien d’une trentaine d’années travaille dans le saint des saints de l’industrie automobile allemande : l’usine historique de Porsche de Zuffenhausen, à Stuttgart (Bade-Wurtemberg), le lieu d’où proviennent les mythiques 911 au moteur vrombissant. Il a requis un strict anonymat : en principe, rien ne doit sortir du site qui ne soit validé par le service communication. Difficile, pourtant, de cacher le malaise qui se répand, depuis quelques mois, derrière les murs de Zuffenhausen.
« L’ambiance s’est beaucoup dégradée sur les lignes de montage depuis que la direction a annoncé la suppression de 1 900 emplois. Ils ne vont pas renouveler les contrats à durée déterminée. Cela a fait s’effondrer l’engagement des collègues. Beaucoup sont absents, raconte Frank Müller. C’était le rêve de ma vie de travailler ici. Maintenant, je me demande s’il y a encore des perspectives. Je ne me vois plus rester là très longtemps. »
On peine à y croire. Les techniciens de Porsche, comme ceux de son voisin Mercedes, ou du géant Volkswagen, forment l’aristocratie du « made in Germany ». Ils font partie des techniciens les mieux payés au monde, avec un prestige jusqu’ici sans égal. En Bade-Wurtemberg, le revenu annuel brut moyen dans l’industrie du métal et de l’électronique est de 76 000 euros. Chez Porsche, un technicien peut gagner jusqu’à 80 000 euros par an grâce aux bonus, souvent équivalents à un mois de salaire.
Ces rémunérations incarnent à elles seules l’idéal social allemand, un mythe central de l’identité du pays depuis la seconde guerre mondiale : celle d’emplois de production très bien payés et protégés, répartis sur le territoire, grâce à des produits vendus à forte marge dans le monde entier, fabriqués par des entreprises où un syndicat organise le partage de la valeur ajoutée, défend les emplois et les postes d’apprenti, dans une certaine idée de l’ascension sociale. Ce contre-pouvoir construit sur l’industrie, qui représente un élément majeur du modèle social allemand, peut-il survivre au choc économique en cours ?
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