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Éditorial

Le Monde

Défendue par Rachida Dati, la gouvernance unique de l’audiovisuel public est discutée à partir du lundi 30 juin à l’Assemblée nationale. Mais les emportements de la ministre caricaturent ce contre quoi il faudrait protéger France Télévisions et Radio France : la dépendance au calendrier politique.

Publié aujourd’hui à 11h30, modifié à 12h23 Temps de Lecture 2 min.

A l’heure où les principes de l’Etat de droit sont attaqués, où les espaces de dialogue public se rétrécissent et où les fausses nouvelles pullulent, consolider le service public de l’audiovisuel relève de la nécessité démocratique.

Face à cet enjeu complexe, la proposition de loi sénatoriale débattue à partir du lundi 30 juin à l’Assemblée nationale entend apporter une réponse simple : le regroupement de France Télévisions, de Radio France et de l’Institut national de l’audiovisuel dans une holding nommée « France Médias », plaçant l’ensemble sous la direction d’un PDG unique.

La genèse du texte a été chaotique : après un projet de fusion stoppé au moment du Covid-19, la proposition de création d’une holding n’avait pas résisté à la dissolution, voici un an. Une version minimaliste a fini par être validée en commission par les députés, vigoureusement portée par la ministre de la culture, Rachida Dati, et défendue par Laurence Bloch, ancienne directrice des antennes de Radio France, qui juge la gouvernance unique « indispensable ».

Alors que de nombreuses réformes visent à remédier à des dysfonctionnements de services de l’Etat, la proposition de loi porte sur un service public à succès : Radio France est en tête des audiences et cartonne en matière de podcasts, France Télévisions fait solidement face à la concurrence. Cette bonne, voire excellente tenue ne doit pas masquer d’immenses défis : les audiences vieillissent, la consommation « à la demande » prend le pas sur les usages « linéaires », la concurrence des plateformes et des réseaux sociaux est féroce. La décevante coopération entre radio et télévision en matière d’information continue et locale, de même que le recours massif à des producteurs privés par France TV rendent difficile le statu quo.

La ministre de la culture, Rachida Dati, à l’Assemblée nationale, le 10 juin 2025.

Mais qui peut croire qu’une simple réforme de structure au sommet avec l’ajout d’un niveau de gouvernance peut, comme le répète Mme Dati, « rendre l’audiovisuel public plus fort » ? Qui ne voit que l’institution d’un « directeur de l’information » unique pour la radio et la télévision faciliterait toutes les pressions ? Que l’éclatement du secteur radio entre trois filiales – Radio France, le réseau de proximité ICI et Franceinfo – l’affaiblirait ?

Le scalp du service public

Maniant l’ambiguïté, Rachida Dati jure défendre le service public tout en multipliant pressions, invectives et provocations, sans parvenir à expliquer – et pour cause – en quoi la création d’une holding répondrait aux lourds défis de l’heure. Tout se passe comme si la ministre désirait à tout prix s’offrir le scalp du service public pour flatter la droite et l’extrême droite et conforter ses ambitions de candidate à la Mairie de Paris.

Les emportements de Mme Dati caricaturent précisément ce contre quoi, pour le renforcer véritablement, il faudrait protéger l’audiovisuel public : la dépendance au calendrier politique et aux agendas ministériels. Une telle ambition passe par la garantie d’un financement sur le moyen terme déconnecté des aléas politiques – compromis par la déplorable suppression, en 2022, de la redevance sans remplacement pérenne –, par une adaptation des règles de concurrence avec le secteur privé, et par une gouvernance qui, comme à la BBC, renforce la position de l’audiovisuel public face aux ingérences du pouvoir politique.

L’avenir de ce secteur vital suppose un plan ambitieux et crédible dans ce sens. Pas un texte bâclé, potentiellement dangereux, utilisé par une ministre pour propulser sa carrière.

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